Comme promis, voici le 2ème article bilan de la microferme ! C’est l’occasion de faire le point à la mi-année 2019. Nous aborderons les temps de travail, les quantités récoltés, les premières ventes et les indicateurs de production par m² cultivés. En fin d’article, vous pourrez télécharger directement les 13 infographies au format PDF.
Avant de passer à la suite, je vous invite vivement à lire l’article concernant le 1er trimestre : Microferme – Bilan chiffré de mon premier trimestre. Je ne reprends pas tout ce qui a été déjà dit, et je me concentre dans cet article sur le 2ème trimestre 2019.
Cet article concerne la microferme maraîchère que je mets en place cette année. Je commence petit en tant que cotisant solidaire en EIRL (entreprise individuelle à responsabilité limitée). Puis petit à petit la ferme aura d’autres ateliers portés par des membres du collectif (petits fruits, vergers, fromage…). Cette activité agricole s’intègre dans l’écovillage « Demain en main » (20 hectares) composé aussi de 7 habitats participatifs, d’un centre de formations / ateliers et d’activités d’accueil (auberge populaire, gîtes écologiques, ferme pédagogique).
Chaque trimestre, je vais faire le point avec vous sur le travail mené et essayer de restituer un maximum d’informations chiffrées pour vous aider dans vos démarches d’installation !
Petit rappel du contexte
J’ai emménagé sur l’écovillage en septembre 2018 en location car pour le moment le collectif « Demain en main » n’est pas encore propriétaire des lieux. La cédante m’a permis de commencer l’activité maraîchère dès janvier 2019 en mettant à disposition une partie des terres agricoles.
Ainsi nous avons décidé cette année de créer un très grand potager ou plutôt une petite ferme maraîchère. Mes inspirations pour la conception de la ferme sont un mélange de Jean-Martin FORTIER (Quebec), Eliott COLEMAN (Etats-unis) et Charles et Perrine HERVE-GRUYER (Normandie) où j’ai réalisé plusieurs stages.
En 2019, nous mettons en culture 3 jardins composés chacun de 4 planches permanentes de culture plus un jardin pour les vivaces. Le premier jardin (nommé Achillée) est recouvert d’une serre auto construite avec des matériaux de récupération (type tunnel fraisier). Autour de ces espaces cultivés, nous avons mis en place 3 haies diversifiées qui dessinent les premiers lieux d’implantation de petits-fruits en fin d’année. Plus d’informations dans l’infographie ci-dessous :
Au global cette année je vais restituer les résultats pour 250m² de légumes cultivés, ce qui représente environ 25% de la production de légumes de la ferme à terme. Voici quelques photos des espaces depuis la première intervention dans la prairie fin janvier 2019.
Temps de travail – Fini la bricole, plantons !
Passons maintenant aux activités réalisées ! Dans l’infographie qui suit vous trouverez les heures ventilées dans les différents postes de travail. Pour faciliter la lecture j’ai regroupé ce qui concerne la production (45%), l’arrosage (20%), la gestion (16%), l’installation (13%) et la vente (6%).
Ce trimestre a été particulièrement intense pour moi car le poste de travail qui arrive loin devant est l’arrosage des cultures (142 heures, 20%) ! Comme abordé lors du bilan du 1er trimestre, j’indiquais déjà que l’arrosage au tuyau avait ses limites même pour ce grand potager.
Ainsi mi-avril j’ai commencé à faire des devis et concevoir le système d’irrigation basé sur le goutte à goutte et l’aspersion. Dans mon idée, tout serait posé mi-mai à mon retour de formation à la ferme du Bec-Hellouin (cf. article Traction animale, qui choisir pour quel travail ?). Et bien cela ne s’est pas du tout passé comme prévu !
J’ai voulu passer par une société spécialisée dans les métiers du maraîchage / horticulture pour cette première fois afin d’apprendre les bases et être autonome pour les prochains agrandissements. Après la visite de la ferme fin avril qui s’est bien passé, j’ai transmis un plan détaillé de l’installation pour que l’entreprise puisse réaliser des devis. Et bien j’ai dû corriger 2 fois les quantités, demander une nouvelle visite, retourner par trois fois à l’entrepôt à cause d’erreurs de quantités… Bref j’ai finalement terminé l’installation le 20 juillet soit 2 mois plus tard que prévu. Je reprendrai en détail les plans et mise en œuvre dans le prochain bilan.
Voilà pourquoi j’ai passé près de 20% de mon temps à arroser les cultures en mai et juin. Au final ce que je retiens est qu’il n’est pas utile de travailler avec des spécialistes pour des installations simples. Calculer les débits, pressions et quantités est accessible à tous. Et il suffit ensuite de faire une commande par internet et tout est réglé. Pour de plus grosses installations par contre qui mettent en œuvre des fortes pressions liées à l’aspersion, cela peut être utile de se faire accompagner.
Vient ensuite le poste « Production » (45%) qui regroupe les activités liées aux cultures (semis, repiquages, entretiens, …). Durant cette période nous avons mis en place les cultures sur presque tous les espaces. Nous verrons plus loin les différents légumes installés et leurs quantités.
Le 3ème poste de travail regroupe les travaux d’installation restants comme la préparation des planches, le paillage, la création des 2 dernières haies diversifiées. A fin juin, tout était en place pour la saison estivale, mieux vaut tard que jamais !
Le 4ème poste est dédié à la vente (6%). J’ai isolé ce temps car il me permettra plus tard de voir quels sont les points de vente valables au regard du chiffre d’affaire réalisé. Pour le moment j’expérimente le marché d’Auray le lundi matin, la vente de paniers à la ferme et la vente à une boulangerie Bio sur ma commune le vendredi soir. Nous verrons cela en détail dans un chapitre plus loin.
Enfin, le dernier poste regroupe tout ce qui concerne la gestion, l’organisation du travail à mes formations personnelles. Ce temps n’est pas à négliger car il représente tout de même près de 20% du temps global.
Semis – c’est l’été, tout est planté !
C’est au premier trimestre que le gros des semis à été réalisé. Mais il y avait encore à faire pour convenablement préparer la saison. Au deuxième trimestre nous avons semé les choux fleurs, basilic, courges, concombres, cornichons puis lancé les nouvelles séries de salades et betteraves. Vous trouverez dans la suite le suivi des semis mis à jour.
J’ai réalisé des plants supplémentaires pour les vendre en plus des premiers légumes. Je trouve que cela a très bien fonctionné, et cela peut être un bon complément de revenu à une période où on n’a un étal pas très diversifiée.
Par ailleurs, j’ai aussi tenté de réutiliser d’anciens sacs de graines bio récupérées, et je dois dire que nous avons perdu notre temps ! Les différents ateliers semis ont abouti à des taux de germination très médiocres, voire proche de 0. Au-delà de 3 ans, les graines ont généralement un taux de germination très faible. Le point positif est que cela m’a permis de former des gens à faire eux même leurs semis.
Jusqu’à la mi-mai, les risques de gel étant encore présents, il convient d’être très rigoureux sur la gestion de l’atelier. Bien couvrir les plants d’un voile P30 le soir, être vigilant à découvrir le matin pas trop tôt, et ouvrir en grand la serre quand le soleil d’avril chauffe fort. Pour certains légumes d’été comme les aubergines, poivrons et melons j’ai pris le temps de les mettre dans la maison les nuits froides. Ayant peu de quantité, c’était faisable. L’année prochaine, je tenterai de les stocker sur couche chaude. Bref, la présence quotidienne est indispensable durant cette période !
A la fin juin, la serre à plants était quasiment vide, tout était en place dans les différents jardins.
Récoltes – quelle abondance !
Nous arrivons au plus important : les récoltes ! Après autant d’efforts, c’est avec une grande joie que nous avons commencé à récolter nos légumes. C’est le 2 mai que nous avons dégusté nos premiers radis.
Avant de faire le point sur les quantités récoltées, je tiens à expliquer la méthodologie que j’ai mis en place. Dans le bilan du 1er trimestre, j’avais indiqué que je suivais les temps de travail en indiquant dans mon agenda chaque jour les tâches réalisées et les personnes concernées.
Pour les récoltes, c’est un peu plus difficile à suivre car nous sommes plusieurs au village à bénéficier des légumes. Je ne pouvais pas obliger les gens à avoir des agendas électroniques comme moi pour qu’ils listent ce qu’ils prennent au potager ! J’ai donc installé dans la serre à plant une grande feuille avec les colonnes suivantes :
- Date
- Légume
- Lieu de récolte
- Quantité (kg, botte, pièce)
- Commentaire (autoconsommation, marché, vente à la ferme…)
Puis j’ai ensuite moi-même saisi ces informations papier dans mon ordinateur (5 heures tout de même !) pour pouvoir ensuite avoir un suivi par bloc / planche et jardin.
Quand j’ai commencé à dessiner le potager de 250m², je ne pensais sincèrement pas à avoir autant d’abondance rapidement. Ça a commencé avec les radis, puis ensuite les épinards, les choux raves, les patates et progressivement nous avons eu une belle diversité de légumes. Dans l’infographie ci-dessous vous trouverez le bilan des quantités récoltées principalement en juin.
A partir de ces quantités récoltées, j’ai pu estimer la valeur (en euros) en y appliquant les prix de vente que je pratique sur le marché et à la ferme. Ainsi il nous sera possible de voir la part d’autoconsommation par rapport à la part réellement vendue (chiffre d’affaire).
Dans l’infographie qui suit, vous retrouverez en colonne chaque légume et en ligne la valeur récoltée par semaine. Je trouve ce tableau intéressant car il permet de visualiser les cycles de chaque légume depuis les premières récoltes en passant par la pleine production et enfin la fin de culture. Ce que je retiens après ces quelques semaines d’expérimentation, c’est qu’il ne faut pas tarder à récolter. Autrement dit quand c’est l’heure, c’est l’heure ! Pour les radis, nous avions fait une seule série pour nous familiariser avec le semoir. Et finalement nous n’avons pas pu tout vendre lors du pic de production, d’où l’invention du « Radichon » pour valoriser au maximum la fin de culture.
Il ne faut pas trop vite conclure sur les légumes qui valent le coup et ceux qui rapportent peu. Tout dépend surtout du temps de travail associé que nous verrons dans un prochain chapitre. Par ailleurs à la fin juin nous entrons tranquillement en pleine production du potager, nous ne pourrons faire des conclusions plus précises qu’en automne.
Ventes – il sont bons mes radis, ils sont bons !
Dans le suivi des récoltes, nous indiquons sur la feuille de suivi à qui se destine le légume (vente, autoconsommation, transformation…). C’est un paramètre intéressant à suivre pour voir les économies sur l’achat de légumes pour les habitants, identifier les pertes et mesurer les quantités dédiées à la transformation.
Dans l’infographie qui suit j’ai repris la valeur globale des récoltes à mi-année avec leur destination. On voit que la vente représente 70% des récoltes, puis l’autoconsommation (15%), la transformation (12%) et enfin les repas à la ferme et pour les stagiaires en formation (3%).
Alors parlons-en maintenant des premières ventes ! Car cela n’a pas été simple pour moi de trouver le compromis entre les heures de vente et le chiffre d’affaire associé. Les premières semaines j’ai testé plusieurs points de vente : la vente à la ferme, le marché et la vente dans une boulangerie bio voisine. Comme je n’avais pas encore la balance électronique (obligatoire pour faire de la vente) j’ai commencé à faire des bottes pour vendre mes légumes. Cela a bien fonctionné au début (radis en botte, salade à la pièce…) mais j’ai eu ensuite 2 semaines de creux dans la production principalement à cause des semis très tardifs (cf. le bilan du premier trimestre).
L’infographie ci-dessous reprend le chiffre d’affaire de mi-mai à fin juin pour chaque légume. Cela permet de voir que sur cette période, la vente de plans m’a bien servi pour « meubler » l’étal peu fourni. En parallèle je propose aussi le suivi hebdomadaire du chiffre d’affaire avec l’évolution des points de vente.
A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai orienté ma stratégie vers le marché qui me permet d’écouler l’intégralité de ce qui est récolté au jardin. L’emplacement à la boulangerie bio voisine était très chouette pour rencontrer les habitants de mon village, mais il n’y avait pas assez de monde par rapport au temps que cela me demandait (récoltes / installation / rangement : 5h). Pour la vente à la ferme, j’ai choisi de faire des paniers mais je communique peu là-dessus car le marché prend déjà la majorité de la production.
Pour rigoler un peu, j’ai fait un diaporama des différents étals depuis mes débuts ! Tout a commencé avec une table, une nappe rouge et des bottes de radis. Puis progressivement j’ai agrandi la table, travaillé sur les couleurs, ajouté des paniers en osier, fait une affiche, … Il me manque encore le parasol de grande taille lorsque le temps est mauvais et je serai bien.
Mon objectif est de me maintenir autour des 400€ de vente par semaine durant la belle saison et prolonger jusqu’à noël avec 150€ par semaine. Je vais me concentrer en fin d’année sur le projet d’oasis « Demain en main » car nous allons déposer le permis d’aménager le site et lancer la campagne d’investissement. Vous allez bientôt découvrir notre petit film et les différentes manières d’investir.
Ratios de production par m² cultivés – premier point
Honnêtement, rédiger cet article en pleine saison n’a pas été facile principalement pour le présent chapitre. Connaître ses ventes et globalement son temps de travail, c’est assez simple. Par contre, pouvoir le ramener aux différents jardins / planches / blocs c’est une autre histoire !
Je me permets un rapide point méthodologique pour que vous compreniez comment j’ai abouti à mes résultats. Dans le bilan du 1er trimestre j’ai expliqué qu’à chaque action menée à la ferme je note qui mène la tâche, combien de temps cela lui prend et enfin je localise sur la ferme le lieu concerné.
Il est alors possible moyennant quelques jolis tableaux de calculer pour chaque bloc de la ferme les temps et ventes réalisées. Par exemple sur le bloc A2 je peux voir toutes les actions menées depuis la préparation du sol, les semis directs de radis / carottes, la plantation des tomates, les tailles, les quantités récoltés… Pour avoir un support clair, j’ai réalisé 4 infographies (une par jardin) qui reprennent pour chaque bloc les légumes cultivés, le temps de préparation (montage de serre, préparation des sols) et le temps de production (repiquage, soin, entretien, récoltes) et enfin la valeur récoltée. Pour le temps de semis, je n’ai que le temps global, impossible pour moi de suivre pour chaque légume. Attention ces ratios sont arrêtés à la mi-année, ils vont augmenter jusqu’à la fin d’année car il y a encore fort à faire pour l’été qui arrive.
Au global depuis le début de l’année, nous avons les informations suivantes sur les différents jardins :
- Achillée (sous serre) : 230h dont 140h pour le montage de la serre et 21h pour préparer les planches. La valeur récoltée à fin juin est de 655€
- Bruyère : 116h dont 36h pour préparer les planches. La valeur récoltée à fin juin est de 414€
- Consoude : 84h dont 33h pour préparer les planches. La valeur récoltée à fin juin est de 324€
Concernant le jardin Achillée, l’association classique radis / carottes à très bien fonctionné. Je n’ai pas eu de problème de concurrence des végétaux, j’ai même contreplanté les tomates en faisant un peu de place au niveau du pied pour optimiser la rotation. Par contre comme nous avons un tunnel fraisier avec des aérations intermédiaires pour éviter les surchauffes la pluie est parfois rentrée ! Il est possible que les fanes humides de carottes aient favorisé le développement du mildiou en juin (mois pluvieux cette année chez moi). La culture de choux rave a aussi bien marché, en quinconce 20cm, ils se sont bien développés. Je suis intervenu une fois car j’avais un début d’attaque de chenilles (destruction manuelle). Les autres planches sont encore trop jeunes pour donner à fin juin (courgettes, aubergines, concombres, …). Je ferai le point là-dessus pour le bilan du 3ème trimestre.
Pour le jardin bruyère, tout a très bien commencé avec les petits pois (repiquage) et les radis. Il en va de même pour les patates primeurs sous un voile de forçage P30 qui n’ont pas eu de coup de froid. Du côté des alliacées, les oignons et échalotes en bord de rang se sont bien développés et j’ai des calibres très corrects pour la vente. Par contre, l’entretien des tomates en extérieur a été particulièrement lourd pour freiner le mildiou installé dès les premiers jours de juin. Hélène ma femme a mis en place une « routine mildiou » tous les 2 jours pour retirer les feuilles touchées, voire les plants perdus. A l’arrivée des beaux jours (enfin !), il semblerait que l’invasion soit maîtrisée.
Enfin, pour le jardin consoude j’ai cultivé surtout des légumes feuilles (et notamment salades / mescluns). Je n’ai pas eu trop de soucis de montée à graine sur les salades, car la pluie régulière de juin m’a bien relayé pour l’arrosage. En complément, j’ai vendu le mesclun sous forme de petits bouquets sur le marché. Pour les haricots à rame, j’ai dû m’y prendre à 3 fois sur les semis directs : un coup de gel à eu raison des premiers et un semis trop épars avec les volontaires la 2ème fois. Cela fait que l’association haricots / courges n’a pas bien marché car les courges sont devenues trop grandes et ont pris toute la lumière. Pour les carottes de garde, le premier semis direct de mi-juin avec une méthode plus rapide au semoir n’a pas fonctionné (les graines sont mal tombées à priori). Comme j’étais débordé sur les arrosages, je n’ai pu refaire le semi que mi-juillet (à l’heure où j’écris le semi lève convenablement). Enfin, les difficultés d’arrosage ont bien stressé les choux fleurs, les pommes sont parfois déjà mal formées. Pour le reste (oignons, panais, courges, épinards, courgettes, betteraves…) tout est bon.
Pour le jardin des vivaces, je suis plutôt mitigé sur l’intérêt de vendre des plantes aromatiques fraîches. Cela intéresse très peu de gens sur le marché. Je réfléchis à mieux mettre en valeur cela sur l’étal voire travailler avec des restaurants voisins. Par contre les blettes se portent très bien car c’est un jardin à demi-ombre sous les chênes.
L’essai de haie mélangeant fleurs / fèves / patates à très mal fonctionné. Les fèves ont succombé aux pucerons. Les patates ont été très concurrencées par les fleurs, ce qui donne peu de quantités par pied. Le point positif de cette haie : c’est vraiment très beau, et ça bourdonne d’insectes en tout genre !
Pour la dernière haie préparée fin juin, cela a été un gros travail pour casser la semelle de labour à la grelinette. Pour valoriser cette préparation du sol, nous avons implanté une centaine de plants de tomates. A terme, cette haie recevra des petits fruits et pommiers nains pour abriter du vent le potager. Contrairement aux autres tomates en extérieures, celles-ci n’ont pas eu les averses de juin, donc pas trop de mildiou pour le moment.
Bilan du bilan – et mon prévisionnel ?
Vous arrivez à la fin de cet article, bravo à vous d’avoir tenu jusque-là ! Avant de conclure, je fais le point sur le prévisionnel de mon projet agricole réalisé avec l’outil de chiffrage microferme. Comme décrit sur le site du projet Demain en main, nous faisons une installation progressive de la ferme. Je commence seul en cotisant solidaire, ma femme s’installe en élevage de brebis pour faire du fromage fin 2020 et puis les autres futurs associés plutôt en 2021 pour former une EARL sous forme coopérative.
Concernant la production de légumes, le prévisionnel pour la 1ère année est de cultiver avec attention les 250m² dont je vous parle aujourd’hui (dont 60m² sous serre). Moyennant ces surfaces, le chiffre d’affaire visé est d’environ 4500€HT/an (demi-année de production) pour 740 heures de travail. Dans l’idée, je souhaite rembourser les investissements de l’année avec les recettes de l’année.
Pour mieux visualiser à mi-année où j’en suis, je vous propose la courbe orange dans les infographies ci-dessous qui représente les ventes et le temps de travail chaque semaine. Pour les ventes, j’ai mis le point haut de la courbe en plein été. Par contre pour le temps de travail le point haut se situe plus autour de mai.
Comme vous pouvez le voir, au niveau du chiffre d’affaire cela semble être en bonne voie si l’été se déroule convenablement. Quand j’ai créé l’outil de chiffrage, j’ai volontairement dégradé les chiffres d’affaires par m² les premières années pour prendre en compte l’apprentissage progressif du métier.
Je pense aussi bénéficier d’un lieu favorable à la production de légumes (bonne profondeur de terre, sol sablo-limoneux, exposition sud, ancienne prairie). Je vais être attentif à bien gérer les engrais verts et la fertilisation pour l’année prochaine.
Au niveau du temps de travail, j’ai clairement dépassé l’estimation ! En analysant les relevés des temps, ceci est dû d’une part au temps d’arrosage manuel et d’autre part aux ateliers de transformation non chiffrés dans l’outil de chiffrage. Je me sens soulagé maintenant que les arrosages sont automatisés en grande partie, et j’espère contenir l’écart de temps de travail jusqu’à noël.
Enfin, au niveau des investissements et autres charges ils sont relativement modestes. J’ai repris ci-dessous les principaux montants pour ceux qui souhaitent prendre un chemin similaire au mien.
En se projetant à la fin de l’année, je pense arriver à 2500€HT de charges et environ 1000€HT d’amortissement annuel (ajout du système d’irrigation). Avec un chiffre d’affaire de 5000€HT cela ferait un premier résultat de 1500€HT et un revenu disponible de 2500€HT (capital de départ de 3000€ / pas d’emprunts). En complétant de façon temporaire avec le crédit d’impôt Bio et la récupération de TVA je pense arriver à générer les 2500€ de trésorerie pour 2020 et me verser un premier revenu de 300€/mois. Mon objectif d’arriver à dégager 700€/mois en travaillant 1200 heures/an (50% d’un temps plein maraîcher) me semble faisable l’année prochaine. Nous verrons ensemble si la chance est de mon côté lors du prochain bilan !
Le mot de la fin – vivement la pluie !
C’est l’heure de se dire à bientôt. J’espère que cet article vous a intéressé. Je vous invite à poser toutes vos questions en commentaire, j’y répondrai au plus vite.
Si vous souhaitez télécharger en haute qualité les 15 infographies présentes dans cet article, cliquez ci-dessous :
En complément, si vous avez besoin de compléter les chiffres de cet article, j’ai résumé une thèse dédiée à la viabilité économiques des microfermes maraîchères. Bonne lecture !
Pour aller plus loin, je propose plusieurs choses qui peuvent vous intéresser. Cela va de la cartographie « Labyrinthe à l’installation » qui peut vous aider à vous y retrouver dans les méandres administratifs de l’installation agricole.
Il y a aussi l’outil de chiffrage des microfermes maraîchères dont je présente dans le dernier chapitre son utilisation appliquée à la ferme. Il permet de rapidement pré-chiffrer votre projet agricole.
Enfin, depuis cette année, j’ai lancé des stages pratiques de conception de microfermes en utilisant les principes de la permaculture. Cela se déroule sur 2 jours dans l’écovillage « Demain en main » dont je suis un des fondateurs (région Bretagne / Morbihan).
Bravo pour ce super travail ! Vous pensez pouvoir nourrir combien de personnes/fournir combien de paniers selon vos prévisions pour l’année suivante ?
Bonjour Matt et merci pour votre message.
Cette année comme indiqué dans l’article, avec les 250m² je devrai arriver à 5000k€ de chiffre d’affaire pour la demi-saison. Soit environ 15 paniers à 12€ par semaine (26 semaines de vente, panier moyen de 12€).
L’année prochaine, sur le même espace cela devrait être environ 10 000€ de CA, soit environ le double.
Julien
Super travail !
En tant que jardinier amateur débutant, je fourmille d’idees à la lecture de ces explications.
Merci Patrick ! Oui je pense que cette approche est à cheval entre le potager et le maraîchage.
Quel beau travail! Félicitation! Pour ma part, cette année, je n’ai que 70m² à cultiver, ce qui fait 50m² de planches permanentes.J’ai appris à mes dépends la notion de cycle des légumes et mes salades ont monté, non seulement à cause de la météo ( sécheresse puis orages), mais aussi parce que je les avais repiquées trop tard. Désormais, je ferai bien attention à faire des semis réguliers. Les tienne sont vraiment belles.Tu as raison, quand c’est le moment, c’est le moment, il ne faut pas attendre. Pour l’arrosage, je vais aussi investir dans un goutte à goutte, ça prend… Lire la suite »
Super Claire que tu puisse te lancer sur cette surface. Pour la densité des cultures, les tomates sont espacées de 80cm (donc en gros 1 pied / m²). Avec de la semence ancienne, les rendements sont plus faibles, d’où le prix plus élevé. Et enfin, pour le prix cela dépend du moment de la saison. Par chez moi la tomate ancienne commence à 6€/kg en juin. Puis là en août je suis plutôt à 4.5€/kg.
Merci beaucoup pour ces informations ultra détaillé, je suis entrain de m’installer dans le var et tes retours me donne beaucoup d’idées.
Merci Florian et bon courage dans ton installation !
Bonjour. Je suis très admirative de votre travail. Meilleures Salutations. BC
Merci beaucoup et à bientôt. Julien
Bonjour, super article très détaillé, merci. J’ai une question : tu dis qu’avec un peu de temps on peut prévoir nous même notre installation de l’irrigation, as tu des infos concernant les calculs de base des débit nécessaires en goutte à goutte par exemple, et aspersion ? Un conseil niveau fournisseurs ? Nous avons une surface de 1000m2 (600 cultivés environ) et cette année nous nous sommes débrouillés avec tuyau, arroseurs oscillants… mais c’est long, du coup on commence à se renseigner pour l’année prochaine. Sachant que nous avons la rivière à une soixantaine de mètres (avec autorisation de pomper)… Lire la suite »
Bonjour Atena, Pour les gouttes à gouttes il y a plusieurs références possible et des gammes de prix variables (microsuitant, trous classique, …). En fonction du produit acheté, vous aurez le débit indiqué dans la notice. Par exemple chez moi c’est des gouttes à goutte avec régulateur de pression 1.6L/heure par trou. Il y a un trou tous les 30cm. En fonction de la longueur de tuyau vous en déduisez le débit à avoir minimal. Cela permet de dimensionner votre pompe. En complétant avec des asperseurs, les pressions à avoir sont nettement plus élevées, et donc la pompe plus coûteuse.… Lire la suite »
Salut super article merci ! Une question tu parle d’agenda électronique pour bien tout noter tu utilise une application en particulier ?
Merci Anthony ! J’utilise l’agenda de mon téléphone portable, qui est synchronisé avec ma boite email et Outlook (et oui encore Microsoft, mais je trouve pas mieux). Ensuite on peut exporter les données de l’agenda sous format Excel.
Bonjour et merci pour cet article très détaillé et illustré! beau travail ! Avec mon mari et nos 3 enfants (10, 8 et 4 ans en 2019), nous avons monté un projet maraichage/accueil/menuiserie; nous voulions nous installer dans un collectif de type « les Colibris », mais le groupe est finalement tombé à l’eau au dernier moment et nous nous sommes lancé seuls; nous sommes pour le moment référencés comme oasis ressource chez les Colibris mais on ne désespère pas un jour de relancer un projet collectif directement chez nous! Pour le moment on a trop à faire ! J’attaque ma 3e… Lire la suite »
Bonsoir et merci pour ce retour d’expérience ! J’ai découvert votre site très chouette. Finalement le projet agricole dont je fais partie sera similaire au vôtre (un volet accueil pédagogique, gîtes…). En plus on aura l’élevage de brebis et fabrication de fromage. Merci et à bientôt.
Bonjour ,
Vos témoignages sont très enrichissant , je vous en remercie .
Cependant une question me viens, avez vous d’autre source de revenue ? car avec 5000 €/an cela me semble compliqué de vivre !
Bonsoir Magali,
Aujourd’hui c’est le blog Permaculture pour tous qui m’apporte mon revenu principal (environ 800€/mois). Et le grand potager en 2019 m’a donné une autonomie en légumes. Les ventes ont amorti les investissements. En 2020, je vise déjà un revenu de 500€/mois pour un mi-temps maraîcher.
La combinaison des 2 me convient bien pour vivre.
Quel travail de documentation ! Je suis admirative. Merci Julien de nous partager ton retour d’expérience si joliment illustré.
Merci Charlotte ! J’ai mis en pause mes articles cette année car j’ai trop de travail avec l’installation de la ferme. Mais cela va revenir cet hiver.